Une overdose d’ISR ? Ce paradoxe du désamour de l’ISR, au pire moment
ISR, de l’euphorie à l’overdose. Le flou des labels, l’absence d’impacts concrets. La fatigue ISR est désormais marquée, alors que changements climatiques ne font plus débats.

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L’été 2025 restera dans les mémoires : incendies hors de contrôle, températures records, sécheresses inédites. Chaque année, le dérèglement climatique se confirme, chaque année les preuves s’accumulent. Le risque climat n’est plus une hypothèse, c’est une réalité tangible.
Et pourtant… dans le même temps, l’Investissement Socialement Responsable (ISR) traverse une crise de confiance sans précédent.
De l’euphorie à l’overdose
Entre 2019 et 2020, l’ISR était partout. Les labels se multipliaient, chaque gestionnaire se disait pionnier. Au point qu’une véritable “fatigue ISR” est apparue : trop de discours, trop d’autoproclamations, trop de confusion.
Puis est venu le temps de la désillusion. 2021 : retour brutal de l’inflation. Les valeurs de croissance, largement plébiscitées par une majorité de gérants ISR, sous-performent. 2022 : guerre en Ukraine, flambée des énergies fossiles et de l’armement, deux secteurs peu représentés dans la plupart des portefeuilles ISR. 2023-2024 : domination absolue des “Magnificent Seven” de la tech. Des entreprises où les critères de gouvernance ou sociaux posent question, et auxquelles la plupart des fonds ISR sont, là encore, structurellement sous-exposés.
Résultat : plusieurs années de sous-performance relative pour la majorité des fonds ISR.
Le retour de balancier
Après l’overdose de communication, place au désamour généralisé. Certains commentateurs annoncent la mort de l’ISR, Donald Trump lui-même fait de l’ESG une cible politique, de grandes banques et de grands gestionnaires d’actifs quittent les coalitions climatiques et l’appétit des investisseurs pour le sujet décroit. Les soupçons de greenwashing et le brouillard réglementaire achèvent d’installer un climat de défiance. Mais ce désintérêt tombe au pire moment. Car ignorer les risques climatiques, sociaux et de gouvernance aujourd’hui, c’est prendre un risque financier majeur demain.
ISR : outil de conviction et de gestion des risques
L’ISR n’est pas une mode ou un style de gestion comme un autre. C’est un outil de gestion des risques, au même titre que la couverture de change ou l’analyse crédit.
Oui, les cycles de marché peuvent temporairement pénaliser les portefeuilles ISR. Mais intégrer les critères ESG dans son processus de gestion, c’est mieux identifier les entreprises résilientes, celles qui ne seront pas frappées demain par des amendes, des crises de réputation, ou une incapacité à s’adapter à la transition.
Investir de façon responsable, ce n’est pas “sacrifier” de la performance : c’est la condition pour en générer durablement.
Sortir du paradoxe
La finance a un rôle décisif : elle oriente les capitaux, décide quels projets naissent, quelles technologies se déploient, quelles entreprises se développent. Renoncer à l’ISR aujourd’hui, c’est accepter de financer à l’aveugle des modèles qui détruisent de la valeur à long terme.
Il est temps de dépasser l’effet de mode, le scepticisme ambiant et les caricatures.
L’ISR n’est ni une vitrine marketing, ni une option morale. C’est une nécessité économique, un impératif stratégique et, tout simplement, une bonne gestion des risques.
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